EXCLUSIF - Dépendance à l'alcool : l'enquête choc sur la consommation des Français

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Eve Roger et Benjamin Lévêque, édité par Romain David , modifié à
ENQUÊTE - Une enquête conduite par le gouvernement sur quelque 200.000 Français, âgés de 18 à 64 ans, trahit le rapport dangereux des consommateurs à l'alcool, à rebours également des clichés sur la dépendance.
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Les relations dangereuses entre les jeunes français et l'alcool sont bien connues. On pourrait notamment citer les adeptes du célèbre binge drinking, dit aussi "cuite express", qui trahit un mode de consommation effréné. Mais selon une étude de très grande ampleur, présentée lors d'un colloque organisé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) et qu'Europe 1 a pu se procurer en exclusivité, les phénomènes de dépendance pourraient s'étendre bien au-delà de la jeunesse.

Les Français consomment trop d'alcool. 200.000 personnes entre 18 et 64 ans ont été interrogées dans cette enquête baptisée "Constances". Et ses résultats sont édifiants. : 36% des hommes de moins de 35 ans, soit plus d'un tiers des personnes masculines interrogés pour cette étude, ont un usage dit "à risque" de l'alcool. C'est-à-dire dangereux pour leur santé, ou sont même carrément dépendants. Chez les femmes du même âge, cette proportion est de 15%. À titre de comparaison, une maladie comme le diabète, jugée comme "la maladie du siècle", ne touche "que" 5% de la population. Avec l'alcool, les niveaux sont de loin très supérieurs.

Pour évaluer son niveau de consommation, l'Organisation mondiale de la santé a mis en place un test rapide qui, en dix questions, permet au consommateur de savoir si son rapport à l'alcool présente un risque faible ou dangereux de dépendance, ou s'il est complètement accro à l'alcool.

À l'image de Marc, un intermittent du spectacle dans l'audiovisuel qui a souvent perdu son job à cause de la boisson. "Je buvais deux bouteilles de rouge chaque soir. Au départ je travaillais huit heures par jour, après sept heures, cinq ou quatre parce que j'étais de plus en plus fatigué. Le matin, on n'y arrive plus", raconte-t-il à Europe 1. "J'ai été obligé de rompre des contrats sans donner d'explication".

EXCLUSIF - Dépendance à l'alcool : l'enquête choc sur la consommation des Français

Les femmes cadres sup particulièrement touchées. Toujours selon cette étude, aucune catégorie sociale n'échappe au phénomène. Ainsi, contrairement aux idées reçues, les plus défavorisés, ouvriers ou artisans, ne sont pas plus accro que les ingénieurs ou les médecins. Chez les femmes, c'est même l'inverse ; les cadres sup qui ont une famille et un métier prenant sont particulièrement vulnérables."Vous êtes seules dans votre cuisine, et vous vous dites que la journée à été dure, quelque part c'est une récompense, une façon de décompresser de la journée de travail, de la maison à gérer avec les courses à faire", rapporte Sophia, une cadre commerciale dans l'industrie pharmaceutique, qui a elle aussi souffert d'un problème d'addiction.  

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La bouteille comme exutoire. Aucun métier ne protège de l'alcool. L'étude "Constances" montre que la surconsommation vaut pour tous les secteurs : l'administration comme l'industrie, mais les métiers du commerce, des services à la personne ou encore de l'éducation restent particulièrement touchés. Soit tous les métiers en contact avec du public - élèves, clients ou malades -, ce qui peut être un facteur de stress. "Il m'est arrivé d'avoir des gardes particulièrement lourdes, avec des patients qui décèdent, avec des familles qui, tout d'un coup, tombent de l'armoire. Je rentrais le dimanche soir en me disant : heureusement qu'il y a la bouteille de whisky à la maison", rapporte Florence, une infirmière a qui l'alcool a servi d'exutoire. "Je n'arrivais pas à penser à autre chose, à me concentrer sur un film à la télévision ou un livre", raconte-t-elle. "Un premier, un deuxième, un troisième verre de whisky… On commence à souffler. Ça donne un sentiment d'exister", conclut-elle.